jeudi 1 novembre 2007

La commission Bouchard-Taylor à Saint-Georges-de-Beauce


Notre ami Jerry Beaudoin, dynamique militant souverainiste de Bellechasse, dépose son mémoire à la Commission Bouchard-Taylor aujourd'hui à Saint-Georges-de-Beauce. La conclusion du témoignage de Jerry coule de source: La souveraineté du Québec et, par le fait même, la création d'une vraie citoyenneté sont des avenues inexplorées afin de solutionner nos problèmes identitaires. Quoiqu'en dise Brigitte Breton dans son éditorial d'aujourd'hui dans Le Soleil de Québec, la souveraineté ne règlera pas tous les problèmes mais elle nous donnera la capacité et les pouvoirs pour les régler. Voici donc le témoignage de Jerry à la Commssion:
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NOTES POUR TÉMOIGNAGE
COMMISSION SUR LES ACCOMODEMENTS RAISONNABLES

Jerry Beaudoin, 1er novembre 2007

D’abord, je tiens à remercier la Commission de venir nous rendre visite dans la belle région de Chaudière-Appalaches, plus particulièrement à Saint-Georges-de-Beauce.

Vous savez, étant un enseignant impliqué dans plusieurs causes sociales et politiques, j’ai fréquemment l’occasion de discuter avec des gens de sujets chauds de l’heure. Lors de la dernière campagne électorale, je me suis rendu compte que certains politiciens avaient tellement usé de démagogie et d’inflation verbale que plusieurs citoyens ne savaient plus vraiment à quels Saints se vouer…et c’est le cas de le dire !

Je me souviens d’avoir rencontré un jeune qui m’a affirmé être totalement contre tous les accommodements raisonnables. Lorsque je lui ai fait prendre conscience que d’installer une rampe d’accès pour personnes handicapées dans un établissement public était aussi un accommodement raisonnable, il m’a dit que dans le fond lui, ce qui le dérangeait le plus, c’était les accommodements religieux et linguistiques. C’est alors que je lui ai demandé s’il était contre le fait que des musulmans occupent un local vacant dans une Université pour faire leur prière. Il m’a répondu qu’il n’avait aucune objection à cela. À ce moment là, je lui ai fait réaliser que ce à quoi il s’opposait, c’était les accommodements déraisonnables qui briment les libertés de certaines personnes. C’est aussi, selon moi, le cas de plusieurs Québécois.

Vous savez, je crois que notre peuple a toujours été assez ouvert et inclusif. Par contre, là où le bât blesse, c’est quand on essaie de lui enlever certains pans de son histoire, ou de sa culture. D’une certaine façon je peux comprendre les personnes qui s’opposent farouchement à ce qu’on enlève le crucifix de l’Assemblée Nationale, par exemple. Le problème n’est pas tant qu’ils soient nécessairement très attachés à ce symbole religieux, mais c’est plutôt que pour la majorité des Québécois, certains éléments (dont le crucifix) constituent des représentations de leurs traditions, de leur culture, un pan de leur histoire. Bon nombre se demandent bien d’ailleurs où tout cela va s’arrêter… « Va t-on devoir enlever les clochers des églises ou encore, les statues des Marie-de-L’Incarnation ou Marguerite-D’Youville qui ornent nos espaces publiques ? » se demandent-ils.

Il y a aussi toute la question des valeurs d’égalité et de justice mises en place au Québec qui semble mise en cause dans ce débat. Comment expliquer qu’une personne, dû à sa confession religieuse n’accepte pas de se faire intercepter par un agent de police féminin, par exemple. Je mets au défi quiconque ici dans la salle aujourd’hui d’essayer de refuser de s’entretenir avec une policière lors d’une arrestation. Je prévois une amende encore plus salée... Cet exemple n’en n’est qu’un parmi tant d’autres, mais il représente bien la situation actuelle. Qu’on se le tienne pour dit : au Québec, les femmes et les hommes sont considérés comme égaux et possèdent les mêmes droits et privilèges.

Le gros du problème selon moi, c’est un manque de volonté politique, un manque d’encadrement. Vous savez, ce qui me choque le plus, c’est que certains prennent toutes ces questions un peu trop à la légère. Aujourd’hui, on pratique trop ce que j’appellerais la doctrine du « BOF ». Certaines personnes ne veulent pas voir des femmes en tenues d’entraînement lorsqu’elles passent à côté d’un YMCA…BOF…on va givrer les vitres. Il y même certains élus qui partagent ce genre de façon de penser. Le ministre Benoit Pelletier affirmait la semaine dernière qu’il n’y avait pas de problèmes à ce que des candidats unilingues anglophones se présentent aux élections en ajoutant que …BOF… les gens n’auront qu’à ne pas voter pour eux. Pourtant le Québec est une nation francophone ! C’est cette nonchalance et ce manque de responsabilité qui font que nous nous retrouvons aujourd’hui avec un débat aussi émotif.

Vous savez, il y a des règles communes qui doivent être établies. En tant qu’enseignant par exemple, si je laissais les enfants mâcher de la gomme, courir ou lancer des objets dans la classe, ce ne serait pas bien long qu’on se retrouverait dans une tour de Babel. Voilà pourquoi il est important, dès le début de l’année scolaire d’établir des règles connues et acceptées par tous. À ce chapitre, le débat des accommodements raisonnables ne diffère pas./ Il faut être capables de fixer les règles et valeurs qui guideront notre société. Chacun devra assurément mettre de l’eau dans son vin, mais il sera tellement plus facile de jauger avec tout cela lorsque des règles claires seront bien établies.

Pour y arriver, je crois que nous devrons nécessairement penser un jour à établir une constitution québécoise qui édicterait qui nous sommes et les valeurs qui nous guident. De plus, comme nous ne serons jamais maîtres chez-nous dans le cadre actuel et que peu importe la décision que le Québec prendra sur tel ou tel dossier, le Canada aura toujours son droit de veto et pourra s’opposer à la majorité populaire québécoise, un jour ou l’autre, je suis convaincu que nous devrons nous prendre en mains et accepter de faire de notre nation un pays libre et souverain. À ceux qui veulent se placer entre le mur et la tapisserie en disant qu’il faut s’affirmer sans se séparer, je répondrai que dans mon esprit, je favorise la souveraineté afin de pouvoir s’affirmer et parler d’une même voix.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Pierre,

On pense que tout aété dit, mais...pas par Jerry. C'est original et tout à fait sensé, tout en restant respectueux, voire humoristique dans la manière.
Bravo Jerry et merci d'avoir fait l'effort de prendre la parole.

André Gaulin
Berthier-sur-Mer

Pierre Bluteau a dit…

J'ai demandé à Jerry comment s'était déroulé son passage à la commission; voici sa réponse:
Lol...

Ça s'est très bien déroulé. Ce qui est comique, c'est que je suis passé immédiatement après un espèce d'énergumaine qui disait que tous les problèmes au Québec dépendaient des péquistes, des séparatistes et des gaugauches. Le gars a dit que le Québec était une province bilingue et qu'il était plus fier d'être Canadien que Québécois...OUF !

J'ai trouvé bien drôle de passer après lui avec le message qu'il venait de livrer. Je crois que mon message s'est bien rendu. J'ai eu le temps de tout dire ce que j'avais à dire et à la fin, je me suis fait demander mon texte par 3 journalistes (dont Norman Delisle) et j'ai accordé deux entrevues (dont la télé locale de Saint-Georges). Je suis bien satisfait de l'expérience...même si j'aurais pu me retrouver avec les pneus crevés...tenir des propos SÉPARATISSSSSSS à Saint-Georges...lol J'étais prêt à courrir le risque ! ;-)

Jerry Beaudoin