mercredi 22 août 2007

Jérôme Couture, Martine Tremblay, Gilbert Lavoie et Louis Bernard

Voilà une grosse journée de lecture pour les mordus de la politique québécoise. Tout d'abord, vous trouverez ci-bas le texte de Jérôme Couture de Bellechasse. Ce texte, envoyé au Devoir, n'a pas encore paru; vous l'avez donc en primeur.

Dans la Presse d'aujourd'hui, un article de Martine Tremblay (si vous n'avez pas lu son livre sur René Lévesque, vous avez manqué quelque chose). Intitulé "La patronne, c’est elle !" madame Tremblay fait référence à la démotion de Diane Lemieux. Elle écrit :

"Or, il faut croire que certaines leçons ont été tirées des expériences douloureuses et des désillusions vécues depuis 2001. Pauline Marois sait pertinemment aujourd’hui, au moment de se lancer dans la bataille de sa vie, qu’elle ne doit rien à personne. "

Sur le même sujet, peut-être avez-vous manqué l'article de Gilbert Lavoie dans le Soleil d'hier. "La lionne en liberté"

Il concluait son article en disant:

"Mais une lionne blessée en liberté, c’est rarement une bonne nouvelle, surtout dans un zoo comme le PQ."

Finalement, dans le Devoir d'hier, un texte fort intéressant de Louis Bernard intitulé : "Pourquoi le Québec libre ?"

Il y déclare, très justement :

"Personnellement, j’aime mieux mettre l’accent sur nous-mêmes et sur l’avenir. Les arguments qui, pour moi, ont le plus de poids sont ceux qui expliquent en vue de quoi il faut faire l’indépendance du Québec."

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Voici l'article de Jérôme Couture de Bellechasse

Jérôme Couture
Doctorant en Science politique
Université Laval

Montée du conservatisme ou déclin de la confiance dans les institutions politiques au Québec ?

Le Québec vire-t-il à droite ? Plusieurs indicateurs tendent à appuyer cette thèse. Par exemple, l’élection de députés conservateurs en 2006, l’A.D.Q. opposition officielle à Québec en 2007 et désir de plus en plus grandissant dans l’électorat de faire une place pour le secteur privé en santé. Pourtant, les québécois semblent toujours attachés au modèle québécois considéré comme davantage interventionniste par rapport au reste de l’Amérique du Nord. De plus récemment, ceux-ci préféraient majoritairement une hausse des dépenses à une baisse des impôts. L’explication des dernières élections provinciale et fédérale ainsi que le soutient pour une présence du secteur privé en santé trouve certainement son explication ailleurs que dans un simple tassement vers la droite de l’électorat. La clé de l’explication se trouve peut-être dans le déclin de la confiance dans les institutions politiques.

Certains commentateurs ont mentionné le « raz le bol » des québécois pour les « vieux partis » pour expliquer l’ascension de l’A.D.Q. aux dernières élections. Ce facteur est probablement nécessaire à la compréhension. Toutefois, il semble insuffisant pour expliquer la tendance actuelle puisqu’il n’explique pas la relative force du vote conservateur que l’on peut difficilement associé à un « vieux partis ». En effet, la perte de confiance est beaucoup plus large. Rappelons-nous dans quel contexte nous avons vu apparaître ces deux partis et à quels discours ceux-ci s’abreuvent. Au niveau fédéral, il y a eu le « scandale des commandites » et au niveau provincial, une série d’erreur a ponctué le mandat du gouvernement libéral au point que la confiance des Québécois en 2005 envers ce gouvernement a même été plus faible que la déférence au gouvernement fédéral. Il va s’en dire que cela ne s’était jamais vu depuis que l’on mesure la confiance dans les institutions politiques au Canada. Le support des québécois pour des solutions étatiques en a donc pris pour son rhume. En outre, ces deux partis tiennent un discours que l’on peut associer à l’expression suivante : « le gouvernement n’est pas la solution, mais généralement le problème. » Dans ce contexte de méfiance, il n’est pas surprenant que les électeurs se soient tournés en masse vers ces deux partis, notamment dans la région de Québec où l’activité gouvernementale est très visible.

Conséquence pour les partis progressistes et le mouvement souverainiste

La confiance dans les institutions politiques est, au-delà des pouvoirs formels, ce qui permet au gouvernement d’agir pour faire ce qui doit être fait. Plus précisément, dans le cas où cette action nécessite d’importants sacrifices pour les citoyens. C’est-à-dire une perception individuelle d’être plus ou moins lésé afin de favoriser un objectif plus large de société. C’est ainsi que le gouvernement américain, au lendemain du 11 septembre, a pu adopter d’importante limitation aux libertés individuelles dans un objectif de sécurité publique. En effet, à ce moment le support politique de la plupart des institutions politiques américaines atteignait des sommets. De ce fait, il ne faut pas confondre méfiance dans les institutions politiques avec l’idéologie conservatrice. Par ailleurs, le déclin de cette confiance dans l’efficacité des institutions politiques au Québec pose un problème pour les partis progressistes et le mouvement souverainiste. En effet, ceux-ci se fondent en grande partie sur les solutions étatiques pour atteindre leurs objectifs. Il est trop tôt pour affirmer si le déclin actuel de la confiance est une tendance lourde. Toutefois, le discours ambiant, le choix des enjeux portés à l’agenda public et les solutions de politiques publiques favorisant le recours aux secteurs privés ne favorise pas un regain de cette confiance. Ce constat nécessite plus qu’une simple opération de communication publique. En effet, rétablir le lien de confiance nécessitera de démontrer à nouveau la pertinence et l’efficacité de l’intervention publique.


1 commentaire:

richard a dit…

Enfin, Louis Bernard propose une analyse juste et posée. Quant à Jérôme Couture, son analyse fait très "PQ" traditionnel; une analyse purement intellectuelle et cérébrale dont le parti est si friand. D'ailleurs, c'est un des problèmes majeurs du parti : des théoriciens à la tonne mais pour les praticiens, on repassera! On a vu ce que ça a donné dans le système d'éducation (mais ça, j'aurai surement l'occasion d'y revenir - le P.Q. a un maudit chemin de Canossa à faire à ce sujet!)

Pour en revenir à M. Bernard, il dit les choses comme elles sont, libre à chacun des les interpréter dans ses mots. Il justifie l'existence du pays sans ce regard passéiste et vengeur. Il le justifie pour que nous puissions exprimer notre être en Amérique du Nord et dans le monde.

Pour en finir avec Jérôme Couture, Martine Tremblay et Gilbert Lavoie, ils me font penser aux "kremlinonologues" du temps de la guerre froide ou chaque balbutiement d'un membre du Politburo faisait l'objet d'analyses sans fins et des extrapolations les plus folles.

Merci Monsieur Bernard pour un regard lucide, calme, posé, pondéré sur la situation.

Quant à Madame Marois, ne recommencez pas!!!!! Y'a en marre des coupe-têtes et si Diane Lemieux n'a pas l'humilité qui vient avec la position d'élue (on sert dans la mesure où l'on est désirée ou utile), tant pis!

Pauline, go! Je ne serai sans doute pas toujours d'accord avec vous, mais qui l'est au parti libéral avec Jean Charest? Et qui a vu la guillotine? Elle tombera au moment voulu mais nous la verrons à la dernière minute. Au P.Q., non seulement on la voit d'avance mais on en publie les plans et les modalités d'utilisation!!

Richard Lapointe Beauce-Nord