Vous avez remarqué que je suis moins présent sur mon blog depuis quelques semaines. C'est que je suis en campagne électorale jusqu'au 8 décembre. Jean Charest nous a précipité en élection alors que la population n'en volait pas et qu'il n'est élu que depuis 18 mois. 83 millions de dollars jetés à l'eau. Je ne suis pas candidat (je n'aurais pas le courage nécessaire) mais soutiendrai de toutes mes forces Guy St-Pierre, qui se présente dans ma circonscription de Lotbinière pour représenter le Parti Québécois. Voilà pour justifier mes absences blogulaires.
J'ai lu ce matin dans mon Soleil quotidien (dont je n'ai toujours pas digéré la version amincie dans tous les sens) un billet, le premier d'une série, de Régis Tremblay sur la chanson francophone en voie de disparition au Québec. Intitulé justement
"Chanson francophone: le déni de l'évidence" Tremblay écrit en début d'article:
"Par ce mardi tranquille du 30 septembre 2008, l'Observatoire de la culture et des communications du Québec publiait un communiqué laconique... et explosif. En 2007, pour la première fois de l'histoire de notre show-business, le public québécois s'est fait plus nombreux aux spectacles de chanson anglophone qu'à ceux de chanson francophone." Le ton est donné !
Nous sommes au bord du précipice de l'anglicisation totale du Québec dans l'indifférence totale. Une anglicisation sans bruit, sans problème comme la mort lente d'une vieille personne. Comme le disent si bien Sylvain Cossette et Pascale Picard "toutes ces histoires de langue sont dépassées". On offre ce que le public veut recevoir. Il y a quelques années Sylvain Lelièvre avait écrit une chanson "Lettre de Toronto" sur le même thème mais le but de son jeune chanteur était de "pogner" aux États-Unis. Maintenant, c'est au Québec qu'on peut "pogner" en chantant en anglais. Moyen changement !
Régis Tremblay termine son article en écrivant: "Tout serait tellement plus simple, sans cette damnée langue française! Pourquoi avoir attendu 400 ans pour finalement prendre la lucide et courageuse décision de s'angliciser? Alors que nos prédécesseurs se sont battus pour sauver leur langue maternelle, la langue de leurs mères et de leurs tripes, alors que nos héros et nos ténors nationaux se sont fourvoyés en menant cette lutte insensée pour la survivance, une poignée d'artistes futés et avisés a enfin compris les aspirations profondes d'un peuple transformé en public!" Un peu pas mal décourageant. Et dire que ce peuple a passé proche de faire son indépendance en 1995; que 60% des francophones du Québec ont dit OUI. Se peut-il qu'en 13 ans un si grand changement se soit opéré. Dur à comprendre les Québécois !
En terminant, voici le texte de la chanson de Sylvain Lelièvre:
LETTRE DE TORONTO
Salut Sylvain, comment ça va vieux frère?
Tu m'excuseras si j'ai pas trouvé le temps
De t'écrire avant mais y se passe trop d'affaires
Pis Toronto c'est pas la rue Saint-Jean
Ça fait six mois que je fais partie d'un groupe
Je joue des claviers, pis c'est plus que trippant
Faut dire qu'icitte, la musique est au boutte
Plus rien à voir avec nos shows d'avant
Prends pas ça mal, j'aime encore tes poèmes
Mais c'est fini le trip des boîtes à chansons
Faut penser gros pour détruire le système
Pis les Anglais, y'a rien à faire, ils l'ont
Si tu voyais le stock qu'on déménage
Juste pour te dire, ça nous prend deux camions
Plus rien qui manque quand on part en voyage
Pis pus jamais de maudit problème de son
Je t'envoie les mots d'une toune que je viens d'écrire
C'est pas de ma faute, chus meilleur en anglais
Mais si des fois, tu pouvais me la traduire
Ben entendu, c'est moi qui la chanterais
On vient de signer cinq ans chez C.B.S.Y nous ont dit que tout ce qui nous manquait
C'est une toune française pour le marché de l'estSont forts à CHOM, t'inquiète pas du succès
Le mois prochain, on part pour Los Angeles
Vu que note gérant est en Californie
On a compris qui ce qui tire les ficelles
Et si des soirs je m'ennuie de mes amis
Mon seul pays maintenant c'est la musique
Pis la musique, c'est les États-Unis
Viens faire un tour avant d'être folklorique
Tu verras bien si c'est vrai ce que je te dis