lundi 28 juillet 2008

La gestion de l'offre et la souveraineté alimentaire.


Je ne suis ni économiste ni producteur agricole; pourtant je vais risquer un papier sur les négociations qui se déroulent actuellement à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et qui pourraient bien chambouler notre consommation de produits alimentaires d'ici peu.

Si j'ai bien compris, il est question d'abolir ou d'abaisser les tarifs préférentiels mis en vigueur par certains pays pour protéger leur agriculture. Dans le cas du Québec (et de l'Ontario) les productions de volailles, d'oeufs et de lait sont ainsi protégés par des tarifs douaniers empêchant l'entrée de denrées étrangères. L'offre est aussi réglementée par un système de quota de production afin d'empêcher l'effondrement des prix à cause d'une trop grande production.

Ce système fonctionne bien et permets à nos producteurs agricoles de se tirer d'affaire.

Si nous abolissons le système de la gestion de l'offre et abaissons les tarifs douaniers nous serons à la merci d'une arrivée massive de produits agricoles qui feraient chuter les prix dans un premier temps afin d'éliminer la production locale pour ensuite, une fois le monopole bien établi, revenir à des prix les plus élevés possibles. Nous en arriverions à la situation des pays en voie de développement où l'aide alimentaire venant de l'extérieur a tué toutes les productions agricoles.

Dans une perspective de développement durable l'idéal est de produire et de consommer localement. D'ailleurs nous n'aurons bientôt plus le choix d'agir ainsi si l'on tient compte du prix de l'énergie. Exit les poivrons de Hollande et le pois mange-tout de Chine.

Dans le projet de pays du Québec que j'ai en tête je vois une aide accrue aux productions en serres chauffées écologiquement par le méthane dégagé par les fumiers et lisiers; je vois un asouplissement de la loi sur le zonage agricole afin de permettre la transformation à la ferme ou près de la ferme des produits alimentaires. Le retour des beurreries, fromageries, boucheries et boulangeries locales; la multiplication des marchés publics.

Il faut donc s'opposer à la signature d'un accord à l'OMC qui irait à l'encontre de la souveraineté alimentaire de chaque pays. On ne doit plus tendre vers une globalisation des marchés mais plutôt vers une globalisation des expertises afin que chaque être humain puisse avoir accès à sa nourriture le plus près possible de son domicile. Mais le Québec ne siège pas à l'OMC pas plus qu'à aucune table internationale. Le Québec n'est qu'une province. Notre Gouvernement national "provincial" doit demander à un autre Gouvernement national "fédéral" de tenir compte de sa façon de faire de l'agriculture quand il négocie ou quand il signe un accord international. S'il était un pays souverain, comme quinzaine puissance économique mondiale, il aurait voix au chapître et pourrait faire alliance avec d'autres petits pays ayant la même philosophie. Un jour peut-être !
DERNIÈRE HEURE: Les pays n'ont pas pu s'entendre sur un accord concernant la libre circulation des denrées alimentaires à l'OMC. Nous l'avons échappé belle encore une fois. Il faudrait vraiment arriver avec une nouvelle approche en ce qui concerne le commerce international si nous voulons sauver les économies locales; un retour au protectionisme est inévitable.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec toi, Pierre. Mondialisons les expertises, et consommons le reste localement.

Et l'argument fallacieux de certains, à savoir que «ça ferait baisser les prix maintenus artificiellement hauts par les quotas», ne tient pas la route. D'abord, les producteurs agricoles ne sont pas tous richissimes, loin de là, et maintenir un prix plancher signifie un revenue stable aux producteurs, c'est sûr qu'on pourrait demander aux brésiliens de nous nourrir, et c'est sûr que ça coûterais moins cher (reste quand même à voir avec les hausses des prix de l'énergie) mais, en plus de nous rendre dépendant de leur production (et de leur bon vouloir), on interdirait à des gens de maintenir un niveau de vie acceptable. Parce que c'est cela aussi que ça sous-entend: sauvons quelques centaines de dollars en bouffe en achetant d'ailleurs, et maintenons en quasi-esclavage des populations complètes qui n'auront jamais de bonnes conditions de vie, justement parce qu'elles sont sous-payées.

Notre économie (et l'économie mondiale) a tout avantage à multiplier les échanges intellectuels, et à maintenir son indépendance tant dans la production, la transformation et la consommation des produits (surtout ceux de première nécessité).

Si en plus on considère qu'en achetant localement, on paie le vrai prix des aliments (on ne refile pas une partie de la facture aux employés en les sous-payants) et qu'en plus, en réduisant les chaînes de transport immensément longues, on économise de l'énergie, il y a tout avantage à consommer localement.

Les seuls perdant sont les importateurs/exportateurs, dont la présence n'est pas justifiable dans un court réseau de consommation.