lundi 29 octobre 2007

Un peuple sans histoire en quête d'identité !


L'éditorial d'Édition Beauce, quotidien Web, signé par René d'Anjou, a attiré mon attention ce matin. Dans "Un peuple sans histoire en quête d'identité" monsieur d'Anjou fait le parallèle entre les détracteurs actuels du projet de loi 195 et les disciples de Lord Durham. Il y écrit:

"Avant de s’excuser de vouloir assurer notre survivance dans des conditions honorables et selon nos valeurs, il faut réfléchir sur les propos et les gestes que nous nous apprêtons à poser, car il y a beaucoup de Lord Durham qui dorment en nous."

Voilà des propos rafraîchissants en ce matin d'automne.

dimanche 21 octobre 2007

Adieu Charest !

Nos amis de La Plume souverainiste ont eu la bonne idée de trafiquer la pub du Parti Libéral du Québec qui part en grande consultation populaire (encore une fois) afin d'essayer (encore une fois) d'amadouer le bon peuple.

Voici la pub libérale:

Et voici l'anti-pub conçue par La Plume Souverainiste:

Vous pouvez écrire à Jean Charest afin de lui dire que les carottes sont cuites.



vendredi 19 octobre 2007

Au coeur de la machine à expulser


Certains commentaires franchement xénophobes du public lors des audiences de la Commission Bouchard-Taylor me donnent des frissons. Sûrement que ces personnes seraient à l'aise avec "La machine à expulser" mise en place dans la France de Sarkozy. Un quota d'immigrants à expulser à chaque année ! Je vous invite à lire l'article du Nouvel Observateur "AU COEUR DE LA MACHINE À EXPULSER". Je ne voudrais jamais vivre dans un Québec dont les politiques d'immigration iraient en ce sens. Nous en sommes loin me direz-vous ! Pas si sûr en entendant, aux quatre coins du Québec, ces propos intolérants et à voir la mine déconfite de Gérard Bouchard et de Charles Taylor. J'aimerais avoir vos commentaires.

dimanche 14 octobre 2007

Votre main pour ne pas partir complètement !

Dans une série d'articles sous la rubrique "Le Québec imaginaire" Le Devoir publie, depuis quelques semaines. les réactions de ses lecteurs et lectrices sur le Québec à venir. La semaine dernière, je m'étais permis de transcrire le très bel article de Sylvain Racine intitulé "Quand mon avion atterrira à l'aéroport René-Lévesque".

Cette semaine, Geneviève Dorais écrit, elle aussi, un texte fort touchant en réponse à Sylvain Racine. Elle l'intitule: "Votre main pour ne pas partir complètment !". Entendrons-nous ce cri de désespoir ? Sortirons-nous, un jour, du cul-de-sac dans lequel le Québec s'est enfermé ?

Il n'en tient qu'à chacun de nous, militants et militantes de la souveraineté. Nous devons sonner le rappel des troupes et partir à l'assaut du coeur des Québécois et des Québécoises. Après tant d'années à essayer de rationaliser l'idée de l'indépendance, d'en chiffrer les bienfaits et de ramener le débat à une colonne de chiffres, il faut revenir à l'essentiel: Vouloir bâtir ici un pays qui nous ressemble et nous rassemble. Un pays ouvert sur le Monde, prêt à partager ses bons coups avec les autres; un pays accueillant pour quiconque veut s'y intégrer et partager nos valeurs d'égalité et de solidarité. Un pays dont l'armée en sera une de paix et de coopération internationale. Un pays où le développement durable sera plus qu'un slogan, le développement durable y sera un mode de vie. Un pays qui sera un modèle à bien des égards et dont le niveau de vie et de bonheur sera un des plus élevé au Monde. Voilà mon Québec imaginaire.

En attendant la réalisation de mon rêve, voici le texte de Geneviève Dorais qui m'a inspiré:
__________________________________________________________
Votre main, pour ne pas partir complètement

Geneviève Dorais

Le Devoir (IDÉES)samedi 13 octobre 2007

Le texte de M. Racine, publié dans Le Devoir du samedi 6 octobre 2007, m’est allé droit au coeur. [...] Dans ce Québec réel que M. Racine a quitté, lui, dit-il, avait 29 ans. Dans ce Québec réel qui nous entoure aujourd’hui, moi, j’ai 25 ans. Lui n’avait « pas envie de passer les 30 prochaines années à parler de séparation, de fédéralisme et maintenant d’autonomisme ». Moi, je n’ai ni la force ni le désir de me battre dans un monde où les débats portant sur l’outil de combat à privilégier sont devenus plus importants que la guerre à mener, où l’écho de guerres de tranchées stériles résonnent de vide et d’insignifiance. Je suis fatiguée. Je suis partie.

Dans mon Québec réel, paraît-il, mieux vaut passer aux États-Unis. Parce que les cerveaux et les ressources s’y trouvent plus facilement, m’ont-ils dit, pour poursuivre des études doctorales dans mon domaine. Parce que mon Québec réel n’a pas su évoluer en cadence avec mes attentes, je n’y suis plus. Parce qu’un American dream à poursuivre est devenu plus alléchant que mon rêve national à construire, je ne m’y trouve plus. Non, ce n’est pas normal, tout ça.

M. Racine parle de son Québec imaginaire. Oui, cette image m’habite également. Elle m’habite avec toute l’intensité de mon amour pour ma patrie, ce Québec chéri que j’ai pourtant quitté récemment. Sauf que depuis longtemps, déjà, mon Québec imaginaire à moi vivait en dehors du Québec réel. Deux sphères parallèles, deux mondes désespérément étanches. Dans mon cas, le détonateur se trouvait ailleurs. Épuisée par la poursuite de rêves que si peu de gens semblaient partager, j’ai changé mes priorités de place. Mon coeur va à mes amours nationales ; ma tête et mes énergies, cependant, n’y sont plus. Y retourneront-ils jamais ? Je ne me sens la force ni d’assumer cette énigme ni d’affronter cette troublante sensation de trahison.

Québec abandonné ?

Et de ces deux Québec, que ferons-nous, nous tous, jeunes et moins jeunes Québécois qui partons ? Nous qui nous en allons, emportant dans la foulée l’ensemble de nos quêtes et de nos revendications nationales ? Sommes-nous les émigrés de la désillusion qui, las de combats infertiles, troquons nos causes et nos ambitions ? Ou sommes-nous les émigrés de l’espoir et du renouveau, de ceux-là qui, portés par un souffle d’idéalisme, cherchent hors frontières les outils de leur salut national ?

Ai-je abandonné le Québec ? J’avais pourtant tant de choses à offrir. Je me sens parfois comme l’amoureuse éconduite qui avait tout à offrir et qui n’a rien pu donner. Je dramatise, j’exagère, diront sans doute plusieurs. Oui, peut-être n’aurez-vous pas tort de me le rappeler. Je suis jeune, toute une vie de fiers combats m’attend. Mais je voulais ajouter ma voix à celle de M. Racine pour que vous sachiez qu’en dehors du Québec, tout un autre Québec continue d’être vécu, rêvé et pleuré. Que plusieurs choix personnels alimentent la réflexion nationale vers d’autres horizons. Que je suis là, que d’autres dans ma situation sont là. Loin, cependant présents. Mais présents pour combien de temps encore ?

Aidez-moi à revenir construire avec vous. Convainquez-moi, assurez-moi que la poursuite de la lutte en vaut encore la peine. Prouvez-moi vos intentions. Je vous en conjure. Ne laissez pas grandir mes désillusions au point de ne pas pouvoir en revenir. Tendez-moi la main. Je prendrai la vôtre.
***
Geneviève Dorais,
Madison, Wisconsin, États-Unis

mercredi 10 octobre 2007

Texte d'opinion de Jimmy Grenier

Ce blog se veut un lieu de débats. Voici donc un texte qui m'a été transmis par Jimmy Grenier, militant de Lévis. Comme à l'habitude, vous pouvez y réagir en cliquant sur le bouton: commentaires situé en bas du texte. Seuls les commentaires signés seront publiés.
__________________________________________________________

Pour une social démocratie moderne !

« Un vrai parti nationaliste, c’est un parti qui fait passer les intérêts de la nation devant ceux de la multitude des intérêts».

Quand je regarde la situation actuelle au Parti Québécois, je ne peux m’empêcher de me désoler devant le manque flagrant d’initiative du parti au niveau des idées. Qu’on me rappelle à l’ordre si mes notions historiques sont inexactes, mais il me semble bien que ce parti soit un parti de coalition depuis sa fondation dans la seconde moitié des années 60. Des purs et durs du RIN aux nationalistes du Parti libéral et de l’Union nationale, passant par le RN… des gens de mouvance souverainiste de toutes parts de l’échiquier politique se sont donnés un outil pour arriver à leur fin : la souveraineté nationale du peuple Québécois. Or, ce même parti semble oublier cette chose pourtant fondamentale : il est un parti de coalition.

Voilà le constat. Or, les choses ont bien changé en 40 ans. Le Québec a certes évolué, mais il semble que cette évolution ne se soit pas faite au même tempo que la nation dans le parti de René Levesque. On doit beaucoup au parti ; les Québécois et moi-même en sommes conscients, inutile de nommer les réalisations positives du parti. Par contre, l’avenir – et les élections – ne se gagnent pas sur ce qu’on a fait hier, mais bien sur ce qu’on propose pour demain. Et c’est là que le bât blesse.

Le Québec, en pleine commotion Bouchard-Taylor se cherche. Nous le constations en direct à chaque forum des citoyens, le Québec n’est pas en manque de nationalisme. Est-ce toujours un nationalisme sain ? Je ne crois pas. Je préfère nettement un nationalisme affirmationiste qu’un nationaliste vindicatif. Et que je ne vous prenne pas à me comparer à Pier-Marc Johnson ; j’utilise le mot dans le sens où on doit affirmer qui nous sommes non en étant fiers de ce que nous sommes et non pas en se repliant sur nous même. La nuance est subtile, mais elle existe. Je ne veux pas d’un nationalisme malsain à la Hérouxville ! Ni d’un nationalisme revanchard où nous voulons régler 250 ans plus tard la bataille des Plaines d’Abraham. Mais je veux d’un nationalisme qui est fier des réalisations du Québec, un nationalisme qui ose s’affirmer en mettant ses règles au clair en protégeant sa langue et en acceptant avec ouverture l’autre sans pour autant renoncer aux principes de la Charte québécoise et de la laïcité de l’espace public. Je veux d’un nationalisme qui ose regarder vers l’avant et qui un jour, proche ou lointain, je l’espère aura le courage de se prendre en main.

Non, le nationalisme n’est pas mort. Par contre, quel projet nationaliste le PQ a-t-il présentement à proposer, sinon son aboutissement ultime, la souveraineté ? La souveraineté n’étant même pas à l’ordre du jour pour les deux premiers partis à l’Assemblée nationale et étant mise en veilleuse à court terme par notre nouvelle cheffe, nous voilà donc confinés à un rôle de gérant d’estrade, regardant patiner de manière peu élégante Jean Charest à cette danse du nationalisme et regardant un Mario Dumont obtenir les meilleures notes en patinage artistique de style libre.

Nous avons cédé notre place comme défenseurs de l’identité québécoise et le peuple nous le pardonne difficilement. Les sirènes adéquistes charment présentement les Québécois ruraux et semi-urbains et qui avons-nous à blâmer sinon nous-mêmes ? Je suis écœuré d’entendre les pleurnichards du parti se dire que les gens reprendront bien raison et verront bien « la lumière » en revenant au PQ, que tout est la faute des médias. Bien que j’adhère à l’idée que les médias constituent le quatrième pouvoir dans notre société moderne, il ne faut surtout pas minimiser la capacité de jugement de la population. Cette population, désabusée de la classe politique, se laisse charmer par des discours démagogues parce que ceux – ci s’adressent à eux et que nous avons de la difficulté à l’écouter. Dans la racine du mot démagogue nous retrouvons le mot démos – population. Or, nous en sommes déconnectés. Loin de moi l’idée de dire que nous devons adopter une attitude dumontiste et bâtir notre programme selon les sondages ; on ne doit pas gouverner selon les sondages. Par contre, nous devons nous reconnecter à la population et cette dernière en a bel et bien assez de notre arrogance. Madame Harel, politicienne aguerrie, a donné raison à ces gens qui croient que le PQ a été longtemps trop déconnecté. Refuser de suivre le dogme, c’est être un has been ? Voilà l’idée qui est véhiculée dans la population. Madame Harel n’est pourtant pas une verte recrue à ce que je sache. Qu’on aime ou pas Caillé, Garon, Bachand, Johnson, cette attitude arrogante donne des allures soviétiques au parti qui refuse la dissidence. Peut-être avaient-ils une raison s’ils ont quitté ?

Or, qu’avons-nous à proposer ? Le programme et les idées du parti semblent immuables. Nous nous sommes trop souvent recroquevillés dans les couvertures trop douillettes de notre idée de souveraineté pour éviter d’innover. Le présent moratoire sur l’idée référendaire est très démobilisant pour des militants comme vous et moi qui pensent que le Québec, au-delà de la question nationale, a de sérieux défis à relever dans les prochaines années. Ces militants comme moi qui se qualifient de lucides solidaires en ont assez du débat gauche – droite et de se faire taxer d’hérétiques au sein d’un parti qui ne cesse de se définir qu’à gauche.

Un lucide solidaire, tel que je me définis, c’est un citoyen qui se montre très inquiet devant l’avenir plutôt morose qui s’offre à nous. À l’intérieur de la fédération canadienne – ou souverain comme nous le souhaitons – le Québec de demain est confronté à un conflit de générations sans précédent si un remède de cheval n’est pas administré au sacro-saint modèle Québécois. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons ? Voici donc quelques pistes non exhaustives de ma réflexion.

Prioriser l’éducation, ça ne veut pas dire encore une fois créer une génération de dépendants de l’État en instaurant la gratuité scolaire comme certains groupes le disent. C’est plutôt trouver d’autres sources de financement pour revitaliser les universités qui en ont un grand besoin et qui sans financement adéquat devront ouvrir la grande porte au financement privé. Ou aux diplômes sans valeur. Misons sur l’éducation, mais pas sur une éducation nombriliste telle que proposée par le CNJPQ, mais bien dans sa vision globale, c’est-à-dire à tous les niveaux. Avant de se rendre à l’université, le jeune passe par l’école primaire et secondaire et elle a encore besoin de soutien. La lutte au décrochage doit devenir une priorité. Des mesures comme le congé d’intérêt pour une période déterminée après les études me paraissent beaucoup plus responsabilisantes qu’une gratuité scolaire telle que proposée. À titre d’exemple, je paie près de 900$ par an d’intérêts sur mon prêt étudiant. Ce congé d’intérêt pour toute la durée du remboursement du prêt permettrait aux moins nantis de payer des frais de scolarité plus élevés et serait une vraie mesure progressiste qui ferait payer davantage les plus riches pour accéder à l’université sans pour autant nuire à l’accessibilité.

Le système de santé, avec ses coûts astronomiques actuels, constitue déjà un fardeau trop grand pour les finances publiques. Nous n’arrivons même pas à contenir l’augmentation des dépenses. Avec la pression démographique, nous n’arriverons jamais à continuer d’offrir un système universel et gratuit à tous. Cessons de rêver en couleur : de nouvelles sources de financement devront être trouvées et le ticket modérateur en fait partie. De plus, il faut garantir la gratuité à tous, mais il faudra un jour ou l’autre accepter que le privé puisse offrir un service peut-être à meilleure coût, tant que l’État paie la note. La France, pourtant un pays socialiste pendant longtemps, n’a pas un système entièrement gratuit et universel. L’État ne rembourse, comme le font des assurances, qu’un pourcentage de la note. Qui pourrait taxer la France d’avoir une sécurité sociale à droite ? Le but n’est pas de dire qu’il faut singer la France, mais il faudra par contre imaginer d’autres sources de financement que celles actuelles et tenter de limiter au plus vite l’augmentation des coûts. Et pénurie oblige, qu’on ouvre grandes les portes des sciences infirmières et de la médecine en augmentant le nombre de places disponibles et en faisant une promotion agressive de ces professions, quitte à ce que cela nous coûte cher sur le moment, mais que cela représente un investissement pour l’avenir.

Parlant de coûts et d’avenir, un autre sujet préoccupant est celui de la dette publique qui ne cesse d’augmenter, malgré l’équilibre budgétaire supposément atteint. Encore une fois, certains me diront que ce n’est pas si grave puisqu’on diminue le ratio dette/PIB, c’est-à-dire la valeur relative de la dette par rapport à la richesse du Québec. Vrai. Cependant, vous arrive-t-il de penser un instant qu’avec une dette moins lourde, les taux d’intérêts que nous pourrions obtenir sur les marchés internationaux seraient meilleurs ? Quel consommateur se voit heureux de ne pas être capable de rembourser sa Visa, mais se dit tout de même fier d’être plus riche en faisant de gros paiements d’intérêts ? Le service de la dette est un fardeau actuel et futur ; les idées sur ce que nous pourrions faire de cet argent – 7 milliards de dollars en 2005 - sont nombreuses.

J’anticipe déjà certains bien pensants qui vont me traiter d’égoïste puisque je veux profiter de l’actif qui a été construit par la génération précédente. Or, cet actif est dans un lamentable état. Les aqueducs sont à refaire dans plusieurs villes, les routes, on n’en parle pas… Les barrages auront besoin un jour ou l’autre d’entretien. Sans compter toutes les infrastructures immobilières qui ont besoin de rénovation : hôpitaux, écoles, édifices gouvernementaux, etc. Les investissements pour préserver la valeur de l’actif devront être décuplés dans les prochaines années. Est-ce vraiment être solidaire que de faire payer la note à la génération suivante ? Si on me léguait une minoune avec un besoin de 5000$ de réparations, je ne suis pas sûr d’accepter l’héritage. La véritable solidarité, c’est aussi entre les générations. Les jeunes soignent les plus âgés. Les plus âgés aident les jeunes à payer la dette publique. Et c’est maintenant que ça doit se faire, pas quand la majorité des baby boomers seront à la retraite. Pas de baisses d’impôts à la Charest, mais bien une réduction de la dette svp !

Autre défi que la nation du Québec aura à relever, c’est celui de la fiscalité qui est moins concurrentielle, notamment pour les entreprises créatrices d’emploi. Je ne parle pas des grandes sociétés, mais bien des PME. Je suis totalement d’accord pour qu’on fasse passer la question de la qualité des services avant les baisses d’impôts. Par contre, encore une fois à cause du poids démographique qui défavorise tous les pays occidentaux, nous devons attirer davantage d’entreprises et créer de la richesse avant même de penser pouvoir la répartir. La saga du « château » de Marois a démontré encore une fois la relation malsaine que notre nation entretient avec l’argent. Pourtant, c’est en donnant à tous l’équité des chances que nous arriverons à réduire la pauvreté et à réinsérer à l’emploi une main-d’œuvre inactive qui représente un potentiel d’actif créateur de richesse non utilisé : les assistés sociaux. Il est anormal que 40% des gens ne paient pas d’impôts au Québec. Et qu’on cesse de dire que ce 40% de gens qui ne paient pas d’impôts ne sont que des riches qui profitent d’échappatoires fiscaux : la très grande majorité des Québécois ne paient pas d’impôts parce qu’ils ne sont pas assez riches pour en payer ! Voilà le réel problème ! C’est tout de même drôle de voir la grande majorité des Québécois réclamer des baisses d’impôts quand eux mêmes n’en paient pas… Quand la classe moyenne sera plus nombreuse et avec un revenu supérieur, davantage de gens paieront des impôts et nous pourrons à ce moment réellement diminuer le fardeau fiscal de la classe moyenne. Je suis fier de contribuer à la richesse collective, faisons que plus que 40% de la population le soit autant que moi.

Le désintéressement de la politique actuellement au Québec vient aussi du fait que les gens en ont assez de la mauvaise gouvernance de différents élus ou non élus qui ont un sens de l’État plutôt douteux. Les gens en veulent plus pour leur argent – et avec raison ! L’État doit resserrer ses codes d’éthique et en arriver à une gestion plus serrée des deniers publics pour éviter que d’autres scandales à tous les niveaux n’ébranlent encore une fois la confiance du public. Quand des scandales éclatent, à Outremont ou Ottawa, ce n’est pas qu’aux coupables que cela fait mal, mais bien à toute la classe politique, même si elle est dans sa grande majorité de bonne volonté et honnête.

Un autre défi que le PQ pourrait relever, c’est celui d’une vraie réforme en profondeur de notre système politique. Au-delà du débat des éléments de proportionnalités qu’on veut inclure dans le système actuel, le PQ devrait selon moi proposer un régime présidentiel pour les Québécois. Il pourrait être inclus dans le projet de constitution que l’on proposerait. Il existe une relation incestueuse entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif au Québec et la ligne de parti qui fait tenir les gouvernements est malsaine pour la démocratie. Le goût des Québécois pour les gouvernements minoritaires représente bien ce malaise ; ce type de gouvernement devrait représenter l’exception et non la règle. Je propose qu’on adopte un système républicain hybride entre celui des États-Unis et celui de la France. Je fais confiance au peuple Québécois pour être assez ingénieux pour inventer un système qui fera place à un chef d’État élu – un président - qui nommerait un gouvernement à partir d’une Assemblée nationale qui jouerait son rôle législatif de manière plus indépendante. Dehors la monarchie !

À quand des gouvernements de coalition au Québec qui, au-delà des intérêts partisans, pourraient gouverner de manière plus représentative des volontés de la population ? À quand un gouvernement d’Union nationale au Québec ? Non pas dans le sens duplessiste du terme, mais bien dans le sens où des élus de différents partis seraient à différents leviers du pouvoir. Le Premier ministre au Québec exerce trop de pouvoir et n’a pas de légitimité populaire selon moi puisqu’il est élu de manière indirecte, ce qui dévalorise le rôle du député qui n’est plus que le porte-étendard d’un parti. Le meilleur exemple, au-delà de toute partisannerie, est l’impopularité évidente de Jean Charest qui a toutefois pu être réélu. Dans une présidentielle, cela n’aurait pas été possible. Un Mario Dumont ou une Pauline Marois pourraient être nommés présidents de la république du Québec, mais avec une Assemblée nationale libérale… Bizarre direz-vous ? Peut-être. Mais ça se fait ailleurs et c’est beaucoup plus représentatif de la volonté populaire que le système actuel. Vivement une réforme démocratique audacieuse au Québec.

Pour terminer, je tiens à faire le constat suivant : selon moi, le problème au Parti Québécois n’est pas la social démocratie ; c’est plutôt qu’on opte pour une sociale démocratie qui est dépassée. Le centre – gauche doit se renouveler et tenter de trouver des solutions et penser à une solidarité réelle entre les générations. Une nouvelle-sociale-démocratie moderne doit émerger. Et pour cela, il faut oser repenser le modèle pour garder un aspect fondamental : l’égalité des chances à tous. Par contre, il ne faut pas renier la responsabilité individuelle dans tout ça. Je ne suis pas contre le modèle québécois : j’en suis moi-même un fruit. Par contre, il faut s’assurer que d’autres après moi puissent aussi en bénéficier. Voilà le vrai défi du Parti Québécois, avant, pendant ou après la réalisation de la souveraineté nationale.

Jimmy Grenier
Lévis

lundi 8 octobre 2007

Le Québec imaginé !

Voici un texte paru dans Le Devoir de la fin de semaine. Quand on écrit avec son coeur, il vaut la peine d'être diffusé.
___________________________________________
Opinion
Quand mon avion atterrira à l'aéroport international René-Lévesque

Sylvain Racine, Gothenbourg, Suède
Le Devoir du samedi 06 et du dimanche 07 octobre 2007

Le Québec réel est passé à côté de sa destinée en 1995. Je sens du découragement, de l'indifférence, du mépris et de la tristesse dans la société québécoise. [...] Le Québec a maintenant une culture, une langue et des organisations bien à lui, mais pas de pays. Le Canada, cette colonie britannique en souffre tout autant.

Le Québec réel est un peu comme un avion prêt à décoller. Malheureusement, ça peut devenir pénible de passer trop de temps dans l'avion. On vient à manquer d'air, on commence à avoir les jambes engourdies, des raideurs se font sentir un peu partout, surtout chez les gens plus âgés. Bref, plusieurs finissent par paniquer, ils veulent sortir de l'avion, retourner chez eux et tout abandonner pour regarder la télé et se laisser endormir. D'autres tentent de les convaincre de rester, mais en vain.

Et puis aujourd'hui, voilà que dans cet avion, le pilote à la mode devient autonomiste. Il a trouvé une solution pour faire patienter les passagers et perpétuer le statu quo. Le jeu consiste à trouver quelques têtes de Turcs dans cet avion pour encore une fois ne pas faire face à la réalité. [...] Dans ce Québec réel, moi, j'ai 29 ans. Je n'ai pas envie de passer les 30 prochaines années à parler de séparation, de fédéralisme et maintenant d'autonomisme.

Je ne m'en cache pas, j'ai quitté cet avion et l'indifférence m'a enveloppé sans que pratiquement je n'en ressente de la tristesse. J'ai même fait mon deuil de ce voyage. Mais je dois avouer que j'en veux à celles et ceux qui ont voté NON en 1995. En même temps, je sais que le problème en est un d'éducation et d'histoire, que certains intellectuels et politiciens comme Trudeau, Chrétien et Dion ont mené le Québec à ce qu'il est aujourd'hui: un avion rouillé sur un tarmac. Pour bien visualiser ce Québec réel, imaginez cet avion à l'aéroport de Mirabel!

Mon Québec imaginé

Mon Québec imaginaire, il a 12 ans et sa voix a grandement mué. Dans mon Québec imaginaire, l'aéroport de Mirabel a été rouvert car des gens de partout dans le monde veulent venir nous visiter pour nous prendre en exemple. [...] Dans ce Québec, en plus du français comme langue officielle, tout le monde pourrait bien parler et écrire l'anglais et même une troisième langue. Le savoir et l'innovation seraient des qualités omniprésentes. On se comparerait à la Suède et au Danemark plutôt que de reproduire le modèle canadien-anglais ou états-unien.

Le Québec aurait aujourd'hui une population de neuf ou même dix millions de personnes. Les jeunes feraient davantage de bébés et nous aurions, après avoir fait la promotion d'un Québec ouvert sur le monde, attiré des Français, des Suisses, des Belges, etc., dans le but de rendre plus fort le fait français en Amérique du Nord et pour développer le Québec à tous les niveaux. Nous accueillerions des victimes des guerres et de la pauvreté en offrant des services d'intégration exemplaires, au point où d'autres pays viendraient étudier nos façons de faire.

Si je mets mon Québec réel et l'imaginaire en parallèle, je me dis que c'est encore possible. [...] Le combat n'est pas fini. Toutefois, je dois avouer que je vous écris de Suède, où j'ai immigré, pour trouver un peu la forme du pays auquel je rêve pour le Québec. Puisque je me sais mortel, le bonheur pour moi c'est maintenant. Depuis que je vis ici, je suis plus souverainiste que jamais et fier d'être Québécois. Et sincèrement, j'espère que lorsque je retournerai au Québec, mon avion atterrira à l'aéroport international René-Lévesque.

jeudi 4 octobre 2007

Je suis athée mais en accord avec Jean-François Lisée

Comment être athée, avoir toutes les religions en aversion, trouver que les religions ne sont que des croyances inutiles et qu'elles sont la sources de nombreux conflits qui font des millers de victimes innocentes et être en accord avec la sortie de Jean-François Lisée dans l'Actualité version virtuelle ?

Tout d'abord, je suis en accord avec Jean-François Lisée quand il dit que:

"La religion. C’est le cœur de l’affaire au Québec, comme sur la planète, en 2007. Après avoir vécu une surdose de catholicisme jusqu’en 1960, les Québécois avaient traversé une période de rejet, puis vivaient la laïcisation des institutions, tout en prodiguant, pour la plupart, un attachement plus cordial que spirituel envers les églises, curés et évêques, donc envers toute cette partie d’histoire et d’identité. Relation tourmentée, maintenant apaisée."

Je suis aussi en accord avec lui quand il déclare que "l'école québécoise doit demeurer laïque". Je décroche toutefois quand il veut y faire entrer, par la grande porte s'il-vous-plaît, les curés, rabbins et autres chérubins pour y enseigner la religion. Comme lui je n'ai pas beaucoup de considération pour le cours Éthique et culture religieuse, concocté par le Ministère de l'Éducation, qui sera au programme à tous les niveaux dès l'automne prochain.

Jean-François Lisée voudrait que les parents aient le choix entre le cours Éthique et culture religieuse et l'enseignement de la religion de son choix à l'école. Que fait-il de ceux qui, comme moi (je ne dois pas être le seul au Québec) ne souscrivent à aucune religion et ne croient pas en dieu. Le programme de morale, auquel mes enfants étaient inscrits, n'existera plus cet automne. Je me sens floué dans cette histoire.

Je suis donc en accord avec Jean-François Lisée lorsqu'il déplore que les parents québécois sont pris en otage par le nouveau cours offert. Auparavant, nous avions le choix entre l'enseignement religieux ou l'enseignement moral. Nous devrions avoir le choix, pour nos enfants, entre le cours Éthique et culture religieuse et un cours de cuisine, d'horticulture ou de macramé; toutes choses plus utiles que la religion !

Pour terminer, j'ai bien aimé la réaction de Pierre Dubuc dans l'Aut'Journal en réponse à Jean-François Lisée.

Pierre Dubuc écrit:

"Définir la nation québécoise par sa religion, c’est revenir à Mgr Bourget ! C’est nier la Révolution tranquille, le « Nous » laïque du manifeste Option-Québec de René Lévesque. C’est exclure de la nation québécoise tous ces immigrants, ces « enfants de la loi 101 » qui, bien que n’étant pas toujours de foi chrétienne, s’intègrent à la majorité francophone."

En conclusion Pierre Dubuc, que j'endosse totalement, écrit

"Enfin, nous conseillons, à ceux dont la religion est un « point de repère » si fondamental, de hiérarchiser leurs priorités, quitte à rogner sur « le soccer, la piscine et le hockey » afin de fréquenter avec leurs enfants l’église de leur paroisse le dimanche."

Pour terminer, je vous invite à lire l'article de Victor Lévy-Beaulieu dans L'Aut'Journal intitulé L'Opium du peuple; meilleur qu'un petit gâteau Vachon......mais pas facile à digérer pour les crédules croyants de ce Monde.





Bonne semaine !