dimanche 14 octobre 2007

Votre main pour ne pas partir complètement !

Dans une série d'articles sous la rubrique "Le Québec imaginaire" Le Devoir publie, depuis quelques semaines. les réactions de ses lecteurs et lectrices sur le Québec à venir. La semaine dernière, je m'étais permis de transcrire le très bel article de Sylvain Racine intitulé "Quand mon avion atterrira à l'aéroport René-Lévesque".

Cette semaine, Geneviève Dorais écrit, elle aussi, un texte fort touchant en réponse à Sylvain Racine. Elle l'intitule: "Votre main pour ne pas partir complètment !". Entendrons-nous ce cri de désespoir ? Sortirons-nous, un jour, du cul-de-sac dans lequel le Québec s'est enfermé ?

Il n'en tient qu'à chacun de nous, militants et militantes de la souveraineté. Nous devons sonner le rappel des troupes et partir à l'assaut du coeur des Québécois et des Québécoises. Après tant d'années à essayer de rationaliser l'idée de l'indépendance, d'en chiffrer les bienfaits et de ramener le débat à une colonne de chiffres, il faut revenir à l'essentiel: Vouloir bâtir ici un pays qui nous ressemble et nous rassemble. Un pays ouvert sur le Monde, prêt à partager ses bons coups avec les autres; un pays accueillant pour quiconque veut s'y intégrer et partager nos valeurs d'égalité et de solidarité. Un pays dont l'armée en sera une de paix et de coopération internationale. Un pays où le développement durable sera plus qu'un slogan, le développement durable y sera un mode de vie. Un pays qui sera un modèle à bien des égards et dont le niveau de vie et de bonheur sera un des plus élevé au Monde. Voilà mon Québec imaginaire.

En attendant la réalisation de mon rêve, voici le texte de Geneviève Dorais qui m'a inspiré:
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Votre main, pour ne pas partir complètement

Geneviève Dorais

Le Devoir (IDÉES)samedi 13 octobre 2007

Le texte de M. Racine, publié dans Le Devoir du samedi 6 octobre 2007, m’est allé droit au coeur. [...] Dans ce Québec réel que M. Racine a quitté, lui, dit-il, avait 29 ans. Dans ce Québec réel qui nous entoure aujourd’hui, moi, j’ai 25 ans. Lui n’avait « pas envie de passer les 30 prochaines années à parler de séparation, de fédéralisme et maintenant d’autonomisme ». Moi, je n’ai ni la force ni le désir de me battre dans un monde où les débats portant sur l’outil de combat à privilégier sont devenus plus importants que la guerre à mener, où l’écho de guerres de tranchées stériles résonnent de vide et d’insignifiance. Je suis fatiguée. Je suis partie.

Dans mon Québec réel, paraît-il, mieux vaut passer aux États-Unis. Parce que les cerveaux et les ressources s’y trouvent plus facilement, m’ont-ils dit, pour poursuivre des études doctorales dans mon domaine. Parce que mon Québec réel n’a pas su évoluer en cadence avec mes attentes, je n’y suis plus. Parce qu’un American dream à poursuivre est devenu plus alléchant que mon rêve national à construire, je ne m’y trouve plus. Non, ce n’est pas normal, tout ça.

M. Racine parle de son Québec imaginaire. Oui, cette image m’habite également. Elle m’habite avec toute l’intensité de mon amour pour ma patrie, ce Québec chéri que j’ai pourtant quitté récemment. Sauf que depuis longtemps, déjà, mon Québec imaginaire à moi vivait en dehors du Québec réel. Deux sphères parallèles, deux mondes désespérément étanches. Dans mon cas, le détonateur se trouvait ailleurs. Épuisée par la poursuite de rêves que si peu de gens semblaient partager, j’ai changé mes priorités de place. Mon coeur va à mes amours nationales ; ma tête et mes énergies, cependant, n’y sont plus. Y retourneront-ils jamais ? Je ne me sens la force ni d’assumer cette énigme ni d’affronter cette troublante sensation de trahison.

Québec abandonné ?

Et de ces deux Québec, que ferons-nous, nous tous, jeunes et moins jeunes Québécois qui partons ? Nous qui nous en allons, emportant dans la foulée l’ensemble de nos quêtes et de nos revendications nationales ? Sommes-nous les émigrés de la désillusion qui, las de combats infertiles, troquons nos causes et nos ambitions ? Ou sommes-nous les émigrés de l’espoir et du renouveau, de ceux-là qui, portés par un souffle d’idéalisme, cherchent hors frontières les outils de leur salut national ?

Ai-je abandonné le Québec ? J’avais pourtant tant de choses à offrir. Je me sens parfois comme l’amoureuse éconduite qui avait tout à offrir et qui n’a rien pu donner. Je dramatise, j’exagère, diront sans doute plusieurs. Oui, peut-être n’aurez-vous pas tort de me le rappeler. Je suis jeune, toute une vie de fiers combats m’attend. Mais je voulais ajouter ma voix à celle de M. Racine pour que vous sachiez qu’en dehors du Québec, tout un autre Québec continue d’être vécu, rêvé et pleuré. Que plusieurs choix personnels alimentent la réflexion nationale vers d’autres horizons. Que je suis là, que d’autres dans ma situation sont là. Loin, cependant présents. Mais présents pour combien de temps encore ?

Aidez-moi à revenir construire avec vous. Convainquez-moi, assurez-moi que la poursuite de la lutte en vaut encore la peine. Prouvez-moi vos intentions. Je vous en conjure. Ne laissez pas grandir mes désillusions au point de ne pas pouvoir en revenir. Tendez-moi la main. Je prendrai la vôtre.
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Geneviève Dorais,
Madison, Wisconsin, États-Unis

2 commentaires:

J.S. Kontovex a dit…

Je dois vous avouer que le Francais Canadies me tapent un peu sur le nerfs.

Moi j'aime le Francais d'Amerique.

L'un dans l'autre, on va jamais pouvoir se débarasser de nos amis les AngloCanadiens avant un bout de temps..

Moi je propose de Switcher aux USA, on se fera bcp d'argent vu que nos richesse sont enormes, et que nos avoir ont plus de valeur monétaire que celle des Etats-Unien.

Au dela de ca, on aura un adversaire de Taille, pas un petit cirque de Canadiens...

Donc bon, au lieu de rester a tourner dans notre bocal, on pourrait aller jouer dans la Mer !

Je propose l'unificitaion des Amériques.

Anonyme a dit…

Salut Pierre,

Madame Dorais a sûrement fait un beau texte. Dolent mais beau. Celui de Sylvain Racine l'était aussi. Ces deux jeunes vivent en dehors du Québec pour l'instant. Un pays qui se veut libre empêche-t-il la circulation des personnes ? N'est-ce pas un peu facile de partir parce qu'on se dit déçu (même si on a droit de l'être).
Mais ...! Que faire entre le désenchantement devant le travail à faire et le rêve de revenir dans un pays fait ?
Il est certes facile de compter sur le travail des autres, mais de qui ?
Dimanche passé, nous étions invités par le Giram, indépendamment de nos positions sur un port méthanier à Lévis, à marcher deux kilomètres de long de fleuve, entre Beaumont et Lévis, dans un paysage qui ne sera jamais plus le même si Rabaska s'y installe avec sa quincaillerie près de l'Île d'Orléans classée et Québec, notre capitale verte et ville patrimoine de l'Unesco. Deux de mes voisins de marche, sur des rochers glissants de marée basse étaient de octogénaires. Je les ai fort admirés.
Nous étions deux cents à défendre et promouvoir un patrimoine visuel exceptionnel, un espace privilégié pour deux villes, Québec et Lévis, qui font près du million d'habitants.
Un pays qui veut naître doit pouvoir défendre son paysage, son patrimoine naturel, surtout que le fleuve lui a donné naissance et constitue un capital d'avenir insoupçonné.

Il n'est pas question de contester le développement économique pour autant mais cela doit se faire en fonction des besoins et en respectant l'environnement. Que diront les curieux quand ils verront arriver à Sainte-Pétronille des méthaniers plus haut que les rives (deux fois la hauteur des gros paquebots) et pratiquement incapables de manoeuvres advenant l'adversité ?
Madame Marois a posé une bonne question : avons-nous besoin de cette énergie ? (Ou serons-nous les serveurs pour les USA qui ne veulent pas de ces installations chez eux ?).
Et Jean Garon a eu le courage de protester du fait qu'on a fait fi de la Commission de protection du territoire agricole.

J'invite les militants et militantes à sortir de notre morosité actuelle. Redonnons aux gens des objectifs clairs et arrêtons d'attendre que Mario prenne le pouvoir parce que nous aurons été des spectateurs du désastre annoncé !
Avec mes salutations.

André Gaulin