vendredi 29 février 2008

Le kilt et la ceinture fléchée !

Je viens de lire un article sur le site du Courrier International concernant le kilt écossais.

"Il est aussi important pour les Ecossais que l'est le parmesan pour les Italiens ou le champagne pour les Français. Le kilt, le costume national, pourrait bientôt obtenir la même protection que ses équivalents en Europe", rapporte The Independent.

Le quotidien explique qu'une campagne vient d'être lancée par un fabricant de kilts d'Edimbourg avec le soutien de plusieurs élus écossais du Parlement local et du Parlement européen. Ils veulent convaincre la Commission européenne d'accorder au kilt l'appellation d'origine contrôlée.

S'ils obtiennent gain de cause, ajoute The Independent, "seuls les kilts cousus à la main, fabriqués en Ecosse et à partir de laine vierge seront appelés kilts écossais. Ceux qui ne répondront pas à ces trois critères seront simplement appelés kilts."

Nous devrions faire la même chose avec la ceinture fléchée et demander l'adoption d'une motion à l'Assemblée Nationale afin de reconnaître la ceinture fléchée comme élément du patrimoine et en règlementer la fabrication et la vente.
Voici la description qu'en fait le site "Les danseurs et musiciens de l'Île-Jésus": "La ceinture fléchée est sûrement la pièce de vêtement la plus typique du patrimoine traditionnel québécois. C’est une longue bande tissée aux doigts, formant des motifs en pointe de flèche, d’où le nom de ceinture fléchée.

Les ceintures les plus anciennes ont probablement été celles à flèche nette ou à losange tel qu'on les retrouvaient dans la région de Québec. Les plus populaires, de motif Assomption, étaient composées d’un coeur rouge flanqué de chaque côté d’éclairs ou zigzags blancs, bleus, jaunes et verts. Les ceintures de motif Acadienne étaient très rares et offraient une particularité. Elles étaient tissées sur trois raies, une au centre de couleur non uniforme et une au tiers du bord de chaque coté. Celles de motif Chénier ne ressemblaient en rien aux autres. Elles se composaient de quatre à six bandes étroites cousues les unes aux autres pour former une largeur identique à celle d’autres ceintures.

À l’origine, vers 1756, les ceintures fléchées avaient un but utilitaire : elle tenaient bien au chaud les coureurs des bois et les voyageurs. Plus tard, vers 1821, elles devinrent populaires jusqu’à être un ornement d’apparat.Les ceintures fléchées étaient tissées par des Canadiennes françaises, en particulier celles de la région de l’Assomption près de Montréal, d’où l’appellation de ceinture (Assomption).

Le processus de fabrication d’une ceinture fléchée traditionnelle était long et toute la famille y apportait sa contribution. Il fallait tondre les moutons, laver la toison, carder et filer la laine, la teindre à la teinture végétale, puis la retordre au rouet . Avant le tissage proprement dit, il fallait ourdir les fils de chaîne puis cirer la laine afin de l’imperméabiliser et la rendre plus durable. Ensuite venait le travail du tissage, tout de patience et d’habileté manuelle car on tissait les motifs de la pièce tout entière sans outillage ni métier.

Une ceinture pouvait facilement faire 3,5 mètres de longueur sur 25 à 30 centimètres de largeur. Il est important de savoir que la Compagnie de la Baie d’Hudson qui a contribué au développement de la ceinture fléchée tissée à l’Assomption, et l’a même popularisée, a aussi participé à sa disparition. Aux alentours de 1880, les ouvrières de l’Assomption exigeaient une rémunération plus substantielle pour leurs ceintures fléchées tissées aux doigts. La Compagnie de la Baie d’Hudson, plutôt que d’accéder à leur demande, importa de Coventry, en Angleterre, des ceintures tissées sur métier mécanique, également vendues sous le nom de ceintures fléchées. C’est ce qui a fait mourir l’art de la ceinture fléchée tissée aux doigts au Canada français, les ceintures d’Angleterre étant moins dispendieuses.

Vers 1915, à la demande de la Société de folklore du Québec, les soeurs de la Providence acceptèrent de sauver de l'oubli ce tissu à nul autre pareil. Puis en 1930, Madame Napoléon Lord a enseigné la technique de la ceinture fléchée à des institutrices de l'école des Arts domestiques, qui l'ont à leur tour propagée dans plusieurs régions du Québec.
Certains folkloristes tel Monsieur Edouard-Zotique Massicotte et Monsieur Marius Barbeau par leurs recherches et leurs écrits ont participé grandement à nous faire connaître le passé glorieux de la ceinture fléchée qui nous raconte une belle histoire d'amour tissée par nos ancêtres à notre intention. "

Référence: Le fléché authentique du Québec
Auteur: Véronique L Hamelin
Editeur: LEMEAC

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