dimanche 17 août 2008

Les limites du système de santé.

Je n'avais vraitment jamais goûté aux traitement offerts dans nos hôpitaux québécois. Je partais du principe qu'il y avait, chez les détracteurs du système, beaucoup de charriage et de rumeurs urbaines; que la grande majorité des utilisateurs étaient satisfaits des soins reçus et que le personnel médical et para-médical faisaient preuve de beaucoup de compassion en exercant son travail. J'ai passé quelques heures à l'Hôtel-Dieu de Lévis hier et je ne serais pas prêt à donner une note parfaite à l'urgence de ce centre hospitalier.

Tout a commencé en fin d'avant-midi hier quand, affairé que j'étais à replacer des madriers sur un échafaudage me sevant à refaire la toiture de bardeau de cèdre de ma maison, je fus emporté par cet échafaudage s'écrasant sur moi; une chute sur le dos d'environ 2,50 mètres. J'ai quand même été chanceux de ne pas recevoir un madrier pesant pas loin de 40 kilos ou une pièce de métal de cet échafaudage. Après avoir réalisé ma chance, j'ai tenté de me relever mais sans succès. Un mal terrible dans bas du dos. On pense immédiatementà une facture du bassin ou tout autre os dans la région. De peine et de misère, en me traînant, j'ai pu me rendre jusqu'à une chaise longue après deux heures d'effort et de douleurs atroces.
Tu espères toujours que les tylénols feront des miracles et que la douleur se calmera; ce ne fut pas le cas. Vers 16 h 30, ma conjointe appelle le 911 et on me transporte en ambulance à l'Hôtel-Dieu de Lévis. Les ambulanciers, devant appliquer le protocole dans le cas des "traumas" comme ils disent, m'installent le colier cervical et le corset pour fixer la colonne vertébrale. Ils m'avertissent aussi que j'ai peut-être agravé ma situation en me traînant sur le sol pendant quelques heures; rien pour se faire rassurer finalement. Tu t'imagines en chaise roulante jusqu'à la fin de tes jours.

Arrivé dans le bloc B de l'urgence vers 18 h 45 on ne tarde pas à m'installer un soluté et à me faire de multiples prises de sang. Une heure plus tard, je suis soumis à une série de radiographies dont les résultats ne sont pas assez concluants. Vers 23 heures, c'est le "taco" afin d'y voir plus précisément la cause de ces douleurs persistantes. À minuit moins cinq, on m'annonce que je n'ai rien de fracturé et "qu'on hospitalise pas les non fracturés" selon les mots de l'urgentologue. Là tout se bouscule; je sens une grande fébrilité dans l'air; je dois me débrouiller pour quitter l'hôpital le plus tôt possible. On m'administre un anti-douleur qui, au bout du compte, ne change rien à rien.

On m'ordonne de me lever et d'essayer de marcher. Avec l'aide de deux infirmiers qui me soutiennent, en me tordant de douleur j'arrive à faire quelques pas. C'est évident que pour eux je suis un grand plaignard et un "squatter" d'hôpital je le sens dans leur attitude. De plus, il est minuit, le chiffre des employés change et on aimerait bien fermer le bloc B pour la nuit. Finalement ils ne pourront pas fermer leur bloc B car l'état de santé de quelques vieilles dames déjà endormies dans des cubicules près de moi le permettra pas. Devant quitter l'hôpital, un membre de ma famille a fait une heure de route pour venir me chercher à Lévis et nous sommes rentré à la maison vers 3 heures du matin après avoir mangé une bouchée au Tim Horton qui lui offre un service 24/24 7 jours sur 7.

J'ai été surpris du peu de compassion dont ont fait preuve le personnel de cette urgence. On ne m'a pas donné d'indications quant à la source de mon mal; on ne m'a pas donné de traitement pour me soulager sauf la petite pilule jaune. Dois-je me reposer ou me forcer à marcher ? Devrais-je utiliser des compresses de glace ou d'eau chaude ? Je plains les personnes atteintes du syndrome de fatigue chronique, de fibromyalgie ou de toutes autres douleurs non diagnostiquables. J'ai déjà entendu les plaintes qu'elles énonçaient face au peu d'aide qu'elles recevaient du système de santé. Le seuil de la douleur, différent d'une personne à l'autre, n'est pas pris en compte dans notre système. Mon mal disparaîtra d'ici quelques jours c'est sûr. Ces personnes devront vivre avec ces douleurs incomprises toute une vie et passer pour des engorgeurs de système.

Le peu de discrétion dont a fait preuve le personnel de cette urgence m'a aussi surpris. Je connais maintenant bien des choses sur ma voisine d'urgence; je sais que les relations entre les membres de cette famille sont problématiques en ce qui concerne la tutelle de madame. La travailleuse sociale de l'hôpital a rencontré des membres de la famille à une épaisseur de rideau de mon lit. J'ai des noms, des adresses et des faits; heureusement la vieille dame n'est pas une célébrité. Le personnel s'échangaient des remarques sur l'état de santé des patients présents à l'urgence comme si on étaient tous sourds. Dire qu'on a peur des dangers, pour la protection de la vie privée, que représenterait une carte à puce contenant notre dossier de santé.

Une autre lacune dans notre système de santé réside dans le fait que les CLSC offrent un service allégé la fin de semaine. J'aurais coûté moins cher à l'État si j'avais pu me déplacer à Fortierville ou à Laurier-Station où le personnel de ces CLSC m'aurait prescrit la même petite pilule jaune après s'être assuré que je n'avais rien de fracturé. Mais il n'y a pas de radiologiste la fin de semaine à ces endroits; même pas sur appel. L'ambulance m'aurait coûté moins cher aussi; car, au Québec, le transport ambulancier est aux frais du patient s'il n'est pas bénéficiaire de l'aide sociale ou s'il n'a pas 65 ans.

En ce qui concerne ma toiture en bardeau de cèdre, ma décision est prise: j'engagerai un entrepreneur afin de la terminer. À chacun son métier.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Prompt rétablissement, d'abord.

Ensuite, malgré un nombre sûrement appréciables de personnes intelligentes et sensibles dans les hôpitaux, il faut considérer les heures supplémentaires qu'ils font et le nombre effrayant de personnes qu'ils ont à traiter avec des ressources souvent faites en fonction d'un nombre moindre de cas, cela n'excuse pas la brusquerie, mais l'explique un peu.

Au bout du compte, ils ne considèrent plus l'organe comme partie intégrante d'un être humain, mais comme la pièce défectueuse de la machine animale humaine, en tout cas certains d'entre eux.

Faut-il investir d'avantage? Manifestement, s'il manque d'équipement. Ces investissements régleraient-ils tous les problèmes? Assurément pas.